Sorti le 6 décembre 2024, Marvel Rivals, le nouveau jeu de NetEase, déjà connu pour Naraka: Bladepoint, a vu le jour après plusieurs phases de tests et une annonce en mai dernier. Avec une esthétique originale et quelques idées audacieuses, ce jeu apporte une fraîcheur bienvenue tout en exploitant l’immense potentiel de l’univers Marvel. S’il ne parvient pas à supplanter l’indétrônable Overwatch, Marvel Rivals se positionne, avec déjà plus de 20 millions de joueurs en seulement quelques semaines pour un modèle free-to-play, comme une alternative solide dans un genre qui manquait cruellement de conccurence.
Une identité visuelle réussie et un gameplay séduisant
L’un des points forts de Marvel Rivals réside dans son esthétique. NetEase a choisi d’adopter une direction artistique inspirée des animes (société chinoise oblige), qui s’intègre de manière harmonieuse à l’univers Marvel. Ce choix offre une expérience visuelle originale, proche de certains comics plus récents, tout en s’éloignant des adaptations trop familières des films et des séries. En optant pour des designs uniques, le jeu parvient à respecter l’identité des personnages tout en leur conférant une touche de modernité, les joueurs pouvant ainsi revivre l’histoire de leurs héros préférés sans se sentir enfermés dans des adaptations préexistantes et en ayant la curiosité de se renseigner un peu plus sur des histoires alternatives au personnage présent dans d’innombrables œuvres.
Le gameplay, quant à lui, se distingue par le choix d’une vue à la troisième personne, qui permet de créer un vent de fraîcheur pour le genre hero shooter. Certes, ce n’est sûrement pas le premier à faire ce choix, mais aucun autre n’a bénéficié d’une communication aussi importante (annonce au State of Play) ni d’une aussi grande franchise. Cette approche est entre autre renforcée par deux mécaniques particulièrement innovantes : La destructibilité de l’environnement et le système de capacités associées.
Premièrement, la destructibilité de l’environnement ajoute une dimension stratégique, certaines cartes évoluent au fil des affrontements et des dégâts infligés volontairement ou non au décor, offrant aux joueurs la possibilité de modifier les lignes de combat et de créer de nouveaux chemins d’accès. Deuxièmement, la fonctionnalité des « capacités associées » enrichit la synergie entre les personnages qui sont en associations. Par exemple, Rocket Raccoon peut grimper sur Groot, Star-Lord peut se réanimer toutes les deux minutes si Adam Warlock est présent dans l’équipe ou encore Hawkeye et Black Widow peuvent partager leur vision. Ces interactions ne sont pas seulement des clins d’œil à l’univers Marvel mais introduisent des opportunités stratégiques inédites qui encouragent le jeu d’équipe et permettra la création de multiple meta centrés sur des groupes de personnages en associations.
Un manque d’originalité et de peaufinage flagrant
Malgré ces innovations, Marvel Rivals peine à s’affranchir de l’ombre d’Overwatch. Si je salue l’originalité de certaines mécaniques expliquées précédemment, il s’agit en fait des seuls risques pris par le studio et pire que ça, le jeu souffre même d’un manque global de finition. Tout d’abord, plusieurs personnages rappellent directement des héros existants dans Overwatch mais en moins bien pensée : Star-Lord me fait penser à Tracer, Hawkeye à Hanzo, Psylock à Sombra, Squirrel Guirl à Chacal, Iron Man à Pharah et que dire du Punisher, qui rappelle Soldat 76, ou du Soldat de l’Hiver, qui ressemble à Cassidy ? Bien que ces similitudes soient compréhensibles dans un genre où les archétypes de gameplay sont limités, il est évident que si un personnage à peu de vie, il faut qu’il puisse s’échapper facilement en devenant invisible ou qu’il puisse faire beaucoup de dégât à courte porté. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de comparer ces personnages à leurs équivalents dans d’autres jeux, ce qui soulève une question : pourquoi jouer à une version moins aboutie d’un jeu existant ?
En outre, certains aspects semblent avoir été négligés. L’absence de doublage en français est particulièrement frustrante pour un jeu visant un public international, surtout dans le cadre d’une collaboration avec Marvel, l’une des franchises les plus populaires et lucratives au monde. De plus, les cartes manquent de profondeur narrative : contrairement à Overwatch, qui regorge de détails enrichissant le lore, les environnements de Marvel Rivals apparaissent souvent génériques. Le déséquilibre des personnages constitue également un problème notable auquel tous les jeux services ont aussi dû s’y confronter à leur lancement. Iron Fist, par exemple, est difficile à comprendre pour les nouveaux joueurs, mais beaucoup trop fort comparé aux autres personnages une fois maitrisé, rompant l’équilibre du sacro-saint « easy to learn, hard to master ». De plus, je n’ai pas eu cette impression, comme c’était le cas avec Overwatch, où tous les personnages semblaient extrêmement bien pensés, avec des compétences uniques qui n’étaient partagées par aucun autre héros, et parfaitement adaptées pour créer des combos plaisants. Dans Overwatch, je pouvais jouer flex, car tous les personnages étaient vraiment bien conçus et offraient un excellent feeling. En revanche, dans Marvel Rivals ce n’est pas le cas et seuls les DPS me plaisent véritablement.
Enfin, la lisibilité en combat reste problématique, bien que la vue à la troisième personne aurait dû offrir une meilleure vision des affrontements, elle échoue parfois à clarifier les actions dans des situations chaotiques, un défaut partagé avec d’autres hero shooters mais ici accentué par la nature plus confuse des parties qui sont moins pensées pour de la compétition bien qu’utilisant les mêmes modes de jeux qu’Overwatch et ayant ce système de capacités associées.
Le coup final pour Overwatch ?
Alors, Marvel Rivals va-t-il enterrer Overwatch ? Non. Va-t-il sombrer dans l’oubli ? Non plus. En fait, ce jeu prouve bien que certains ont trop hâtivement conclu, après le fiasco de Concord, que le public n’aime plus les hero shooters ou qu’il n’y a plus de place pour un nouveau jeu de ce genre. En vérité, à part Overwatch, quel jeu est réellement à 100 % un hero shooter ? Il n’y en a pas d’autre : Valorant possède des éléments de ce sous-genre, mais toutes les armes sont accessibles à tous les agents et Rainbow Six Siege partage des armes entre plusieurs opérateurs. Alors que la mode des extraction shooters grandit, pour les hero shooters, la seule autre alternative restait Paladins.
Ainsi, bien que Marvel Rivals ne possède ni la qualité parfaite du design des personnages ni la richesse narrative nécessaires pour prétendre au trône, cela ne signifie pas pour autant qu’il est voué à disparaître. Au contraire, le jeu se positionne comme une alternative intéressante pour les joueurs qui cherchent une expérience différente. Sa vue à la troisième personne, l’univers Marvel et ses mécaniques uniques en font un jeu plaisant à découvrir, en particulier pour ceux qui trouvent Overwatch trop compétitif ou trop sur ces lauriers.
Néanmoins, en ce mois de décembre, j’ai pris bien plus de plaisir à jouer à Marvel Rivals qu’à Overwatch, où je me suis contenté de tester rapidement le nouveau personnage et le mode 6v6 temporaire. Si Overwatch est le genre de jeu auquel on revient tous les six mois, Marvel Rivals pourrait bien occuper l’autre partie du temps, lorsque l’on cherche une alternative. Reste à voir, dans les mois à venir, si ce dernier réussira à conserver une base de joueurs suffisamment stable pour perdurer.