Battlefield 6 vient d’être annoncé, mais ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas d’un simple retour aux origines, mais plutôt d’une tentative d’évolution avec son temps, tout en cherchant à séduire les fans de la première heure.

10 ans de voyages pour renouveler la franchise

Lorsque DICE avait présenté Battlefield 1 en mai 2016, c’était un grand pas vers de nouveaux horizons pour le jeu qui était resté longtemps sur les plates-bandes de la guerre moderne, hormis quelques sorties avec Battlefield 1942, Vietnam ou 2142. Cette prise de risque avait été très bénéfique pour la franchise, qui avait — en plus d’une vidéo YouTube de bande-annonce atteignant les 75 millions de vues — réussi pour la première fois à égaliser face à un Call of Duty Infinite Warfare extrêmement critiqué. Ce dernier avait été fortement attaqué, notamment pour son gameplay encore plus futuriste que les précédents opus, ce qui exaspérait déjà sa communauté avant. Le trailer d’Infinite Warfare a d’ailleurs reçu un nombre record de pouces rouges.

Mais avec trop de confiance, Battlefield V n’a pas suivi la même trajectoire. L’annonce du jeu a été mal reçue par une partie de la communauté, d’abord à cause de la possibilité de customiser l’apparence des personnages, en y ajoutant par exemple des prothèses ou des modèles féminins — ce qui, quand on y repense, montre un niveau de misogynie assez fou qu’il y avait à l’époque. Ensuite, certains joueurs ne voulaient peut-être pas retourner dans une période historique déjà trop explorée dans les FPS. Malgré tout, Battlefield V s’en est plutôt bien sorti grâce à son gameplay fluide et rapide, sans pour autant aller aussi loin dans la nervosité que les Call of Duty.

C’est surtout Battlefield 2042 qui a pris une claque monumentale de la part des joueurs. Pourtant, la bande-annonce avait su séduire, reprenant certains mouvements emblématiques de la franchise et introduisant un système de tempêtes dynamiques censées influencer les parties. Mais à la sortie, c’était la douche froide : problèmes de serveurs flagrants, bugs à répétition, et un système de héros qui n’a pas plu, car il diluait l’ADN Battlefield, notamment avec la possibilité de jouer toutes les armes dans n’importe quelle classe. Cette mécanique a finalement été revue et DICE a bien tenté d’améliorer le jeu avec le temps, comme pour BFV, mais une fois que le public tourne le dos, il est beaucoup plus difficile de le reconquérir.

C’est donc dans ce contexte que Battlefield 6 est attendu comme le messie, celui qui pourrait ramener l’âme que la série a perdue avec les années. L’annonce du "Battlefield Labs" — à mi-chemin entre communication marketing et vrai test communautaire — a redonné espoir. Les quatre studios en charge du jeu, regroupés sous le nom de Battlefield Studios, veulent cette fois créer un jeu plus proche que jamais des attentes des joueurs tout en essayant d’ajouter des nouveautés pour attirer un nouveau public. Les fuites issues des pré-alpha n’ont pas tardé à faire réagir : certaines choses, comme le recul quasi inexistant des armes, ont été fortement critiquées car elles rendaient toutes les armes trop semblables. Pareil pour le système d’armes disponibles pour toutes les classes, qui a été tellement rejeté que même EA a dû expliquer que les deux systèmes (avec et sans restrictions) seraient disponibles pendant la bêta pour comparer. Le retour à la guerre moderne fait aussi plaisir à une grande partie des joueurs, après plus de dix ans passés à explorer le passé ou le futur. Cela rappelle fortement ce qu’étaient BF3 et BF4, souvent vus comme les favoris de la communauté, aussi grâce à leurs aspects communautaires comme les serveurs privés, la création de logos ou les modes de jeu personnalisés.

Le fils caché de Battlefield et Call of Duty

Battlefield 6, présenté en grande pompe le 31 juillet, semble être l’aboutissement de plusieurs années de modifications progressives, rapprochant petit à petit la licence de ce que pourrait être un Call of Duty à grande échelle. Ce mélange se ressent immédiatement dans le feeling du jeu, qui combine un gameplay nerveux avec une certaine dose de réalisme. On constate se rééalisme notamment dans les sauts, où la visée devient plus difficile à l’atterrissage, ou encore dans les glissades et les sauts, qui restent plus lourds et limités que ceux permis par l’omni-mouvement de Black Ops 6.

Malgré ces différences, il est difficile de ne pas faire le lien avec le Modern Warfare de 2019, où l’aspect visuel avait été repensé pour la next-gen. Ici aussi, cela ce fait ressentir, en grande partie grâce à l’importance donnée à la destruction et les graphismes magnifiques. Le jeu embrasse d’ailleurs pleinement la destruction, même si l’on aurait pu espérer plus : par exemple, un système plus poussé permettant de redessiner les chemins d’une carte en détruisant des bâtiments. Enfaite, c’est sans doute ce qui manque le plus : une vraie fonctionnalité inédite. Là où BF4 proposait le Levolution, BF1 les béhémoths, BFV la roquette V1, ou BF2042 une tempête géante, BF6 se contente — pour l’instant — d’un environnement juste plus destructible, mais tout de même en retrait par rapport à ce que propose un jeu comme The Finals. C’est dommage car cette possibilité de redéfinir les cartes par la destruction, au final, BF4 l’avais avec le Levolution et même s’il s’agissait toujours du même évènement par carte qui ne pouvait se produire qu’une seule fois, on avait tout de même un impact sur le reste de la carte et potentiellement de la façon de jouer durant la partie.

En parallèle, Battlefield Portal fait son retour, cette fois avec un éditeur de cartes intégré. Ce mode devient ainsi bien plus qu’une simple liste de maps des anciens opus : c’est désormais un vrai outil communautaire, capable de donner vie à des créations ambitieuses. On peut d’ailleurs s’attendre à voir émerger très vite des cartes cultes comme Dust 2 en FFA. Le mode solo, lui, n’a pas encore été officiellement présenté, mais d’après les leaks, il contiendrait neuf chapitres

Enfin, le mode battle royale Firestorm revient lui aussi avec un teaser. Selon les leaks il s’agirait d’une version beaucoup plus difficile que par le passé, avec un anneau de feu qui rétrécit et tue instantanément quiconque le touche. Il serait proposé en free-to-play et viserait à concurrencer Warzone, qui semble en perte de vitesse ces derniers temps.

Au final, Battlefield 6 continue de se rapprocher de l’ADN Call of Duty, tout en gardant ce qui fait sa spécificité : véhicules, cartes ouvertes, immersion. Ce virage semble logique depuis la nomination de Vince Zampella, cofondateur d’Infinity Ward (parti ensuite créer Titanfall), à la tête de la franchise. Rien d’étonnant à ce que le gameplay tende aujourd’hui vers une vision plus proche de la sienne. Ce n’est pas une critique en soi, j’aime les Call of Duty, même si je les trouve trop répétitifs, et je déteste le système de killstreak. Battlefield, en revanche, garde un côté plus tactique et immersif grâce à ses véhicules et à ses grandes cartes. Et c’est ce qu’on retrouve dans ce BF6 — peut-être même plus que dans 2042. J’espère donc que ce nouvel opus connaîtra le succès, même si les fameux 100 millions de joueurs rêvés par Electronic Arts semblent inatteignables. Mais atteindre le niveau de Battlefield 1 serait déjà une belle victoire.