Mon précédent article sur Bluesky, qui abordait le réseau social Bluesky était d'une telle envergure que j'ai pris la décision de le scinder en deux parties distinctes. La première partie explore en détail le réseau social, son développement, ainsi que mes impressions à son égard. Quant à cette seconde partie, elle se concentre sur les fonctionnalités que j'ai appréciées et celles qui m'ont moins séduit et qui nécessite amélioration. Si ce n'est pas déjà fait, je vous encourage vivement à consulter la première partie pour une compréhension complète du sujet.

Bluesky peut-il devenir le Twitter de demain ?
Vu comme un eldorado pour les exilés de 𝕏 qui ne se sentent plus à leur place sur le réseau social d’Elon Musk. Est-ce que ce nouveau réseau créé par le fondateur de Twitter a sa place sur le continent des “médias sociaux”, aux côtés de Mastodon ou Threads ?
Vous pouvez voir la partie 1 si vous le souhaitez en cliquant ci-dessus.

Les fonctionnalités bienvenues

Le transfert de compte

Comme vous l'aurez compris, en vous expliquant le fonctionnement du protocole dans la première partie, l'un des points majeurs qui freinaient à l’adoption d'ActivityPub était la possibilité de transférer un compte d'un serveur à un autre sans avoir à utiliser ledit serveur. Autrement dit, avoir un compte hébergeable pour tous les serveurs sans être obligé de faire un transfert, car les comptes ne sont plus liés aux serveurs. Cette approche libère les utilisateurs de contraintes telles que la suppression de leur profil par un modérateur sur un serveur ou la fermeture d'un serveur entraînant la perte de toutes leurs données. Ainsi, on a une plus grande liberté de mouvement (choix de l’instance) et de parole que sur d'autres réseaux décentralisés.

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Une instance est considérée comme une version indépendante et hébergée sur un serveur différent, mais qui peut communiquer avec d’autres instances. Dans le contexte de Bluesky, une instance équivaut à un serveur, comprenant sa propre base de données, ainsi que son interface. Puisque la composante technique n'aborde généralement pas l'interface de manière explicite, il est possible de considérer le terme "serveur" comme synonyme d'"instance" dans notre cas.

Les Handles

Lorsque l'on crée un compte sur une instance, en l'occurrence, il y a de fortes chances que ce soit sur bsky.app. On obtient, associé à notre pseudo, un handle qui correspond au pseudo que l'on a choisi suivi du nom de domaine du serveur. Par exemple, si mon nom d'utilisateur est jeandupond, alors mon handle complet est @jeandupond.bsky.social. Cependant, on peut, à la place, utiliser un nom de domaine que l'on possède, ce qui permet alors — en plus d'avoir un handle totalement unique quelle que soit l'instance — de certifier le compte, indiquant que l'utilisateur est le propriétaire du site ou, au moins, y est affilié. De plus, on peut acheter directement son nom de domaine sur https://account.bsky.app/, ce qui nous permet de mettre en place tout ce qu'il faut sans que l'on ait besoin de toucher à quoi que ce soit dans la zone DNS.

Handle de base
Handle lorsque l’on y associe un nom de domaine que l’on possède

L’accessibilité

C’est quelque chose que l’on remarque lorsque l’on va dans les paramètres. Il y a des options que l’on n'a jamais vues sur d'autres réseaux, notamment la possibilité de s’obliger soi-même à mettre un texte alternatif (nommé alt) pour les images que l’on poste. Je pense qu’il s’agit d’un des nombreux avantages lorsque l’on travaille en open source. On peut recevoir des demandes de fonctionnalités, peut être plus diversifiée, car on peut recevoir directement des demandes des utilisateurs sur la page GitHub de l’application ou du protocole. C’est plutôt cool quand on est dev, parce qu'on peut se retrouver avec des fonctionnalités vraiment niches, mais souvent oubliées.

Le partage de mot de passe

Ne pensez pas au fait de partager votre mot de passe avec une autre personne, mais plutôt avec un logiciel tiers comme Deck Blue (l’équivalent de Twitter Deck) ou bien Sky Follower Bridge, dont j’ai parlé plus tôt. À l’instar d’une clé publique, on peut avoir un mot de passe “public” afin de donner les droits d’utilisation pour un logiciel. C’est quelque chose de pratique lorsque l'on vise un secteur open source qui repose donc sur de nombreux outils réalisés par des tiers, nous rappelant que cela devient de plus en plus rare, comme le montre le cas de Reddit qui a drastiquement restreint ses API.

La modération

Je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de m'approcher de ce sujet, mais selon Frandroid, l'approche de Bluesky repose sur trois méthodes : le filtrage automatisé, les actions manuelles de l'administrateur, ainsi que la labellisation de la communauté. Dans les outils de modération développés pour AT Protocol, il existe notamment un système d'étiquetage à destination des modérateurs pour marquer les comptes et les publications de manière publique.

À cela s'ajoute aussi la possibilité de gérer la confidentialité en filtrant ce que l'on peut voir, que ce soit en le cachant, en avertissant, ou en laissant tel quel.

Page d'auto-modération

Les algorithmes

Cela va de soi avec toute la culture de l’entreprise et la volonté de s’améliorer là où 𝕏 (anciennement Twitter) a échoué. Ainsi, on peut choisir d’afficher les réponses de la part de tout le monde, de personnes, ou seulement des personnes que vous suivez. En configurant le nombre de likes minimum qu'une réponse doit avoir pour être visible, l’ordre de l’affichage des réponses peut aussi être configuré pour choisir par date, par nombre de likes, ou au hasard. Enfin, on peut aussi choisir d’afficher les reposts et les reposts cités.

Page de préférence du Feed principal

Les Feeds

Dernière fonctionnalité intéressante, ce sont les Feeds, équivalents aux communautés de Twitter. Les Feeds sont plus mis en avant et plus poussés, avec la possibilité de suivre, par exemple, ce qui pourrait le plus s’apparenter à un onglet “pour vous”. Il y a aussi un Feed nommé “Discover” et d’autres créés par la communauté en fonction de règles précises (par rapport à des hashtags par exemples) que l’on peut partager à travers l’AT protocol.

Ce que l’on voudrait voir

Passons maintenant aux choses que j’attends avec impatience, qui permettront de corriger des problèmes existants ou d’ajouter de nouvelles fonctionnalités. L’entreprise ne propose pas de roadmap sur les fonctionnalités à venir. Néanmoins, vous pouvez toujours regarder ces deux labels Github qui indiquent lorsque qu’une issue est planifiée pour être réalisé ou le sera dans l’avenir. On peut y remarquer notamment qu’ils ont consciences de l’absence des hashtags ou des vidéos.

L’intégration d’autres réseaux

Le plus gros problème que j’aperçois sur Bluesky, c’est la non-gestion de l’affichage des Tweets dans les posts. Ainsi, si quelqu’un veut faire référence à un tweet et qu’il y met le lien, alors on verra ceci, ce qui ne donne pas envie de cliquer :

Affichage d'un tweet sur Bluesky

Cependant, je ne sais pas si le problème vient de Bluesky ou de 𝕏, vu qu’ils ont modifié leur gestion d’API et facturent à prix d'or maintenant. Cela reste néanmoins un problème qui peut frustrer, car on peut avoir l’impression d’être sorti de Twitter pour qu’on nous “oblige” à y retourner.

Les fonctionnalités de bases

Les vidéos

Eh bien… on ne peut tout simplement pas mettre de vidéos ni même d’audio dans les posts, donc il faut se contenter de liens YouTube.

Les hashtags

Oui, parce que ce serait bien que dans un réseau social de microblogging, on puisse savoir ce qu’il se passe dessus, quoi !

Et plein d’autres choses

Bon, j’arrête cette section un peu trolle, mais je vous laisse comprendre qu’il y a un tas de choses qui manquent lorsque l’on regarde de plus près (messages privés, recherches plus avancées, etc.). Et cela est normal, à l’heure à laquelle je parle, le site est encore en bêta, d'où son accès restreint pour éviter que les serveurs explosent d’un coup en raison d’une affluence trop élevée, car Bluesky n’est pas Meta et ne possède pas des milliards sous le coude.