Attendu depuis quelques semaines à travers divers leaks, The Elder Scrolls IV : Oblivion Remaster a été dévoilé en shadowdrop ce 22 avril à 17h, via une vidéo de présentation de Bethesda qui a réuni plus de 500 000 spectateurs en simultané sur YoutTube. Réalisé en sous-traitance par le studio français Virtuos, ce remake a toutefois laissé de nombreux joueurs (moi y compris) perplexes sur plusieurs aspects d’exécution qui auraient clairement pu être évités. Au-delà du jeu lui-même, ce lancement soulève des interrogations sur Bethesda — déjà fragilisé depuis Starfield — mais aussi sur Xbox, qui, malgré ses moyens, semble reproduire des erreurs évitables.

Une date de sortie mal choisie

Comme mentionné en introduction, Oblivion Remastered est sorti le 22 avril 2025, évidemment disponible dès le jour de sa sortie sur le Game Pass. Ce titre, propriété intellectuelle de Bethesda (racheté par Microsoft en 2021), est particulièrement apprécié pour sa valeur nostalgique, considéré par certains comme le meilleur The Elder Scolls devant Skyrim. Dix-neuf ans après sa sortie originale et quatorze ans après le dernier Elder Scrolls hors TESO, ce remake était attendu.

Mais la date de sortie interroge : comme j'en avais parlé dans un précédent article, avril était déjà chargé sur le Game Pass avec South of Midnight le 8 avril, et surtout Clair Obscur : Expédition 33 prévu depuis plus d’un an pour le 24 avril, sans parler de Blue Prince qui c'est immiscé tout en haut des scores de critiques. En intercalant Oblivion à seulement deux jours d'Expédition 33, Xbox a fragilisé la visibilité médiatique de ce nouveau jeu indépendant et c’est pour moi un mauvais signal : mettre en avant un remake d'un AAA juste avant une nouvelle licence ambitieuse d'un studio indépendant revient à noyer cette dernière sous l’ombre d’une marque bien établie et qui fera bien évidemment plus de vue et donc de revenu pour les grands journaux dits mainstream.

Une absence de VF injustifiable

En 2006, la version originale de Oblivion proposait un doublage français qualifié de « culte ». En 2025, ce remake ne propose qu’une version en anglais, c’est incompréhensible, surtout quand on connaît les ressources de Microsoft. Ce choix donne l’impression que Virtuos, pourtant un studio français, a été laissé seul face à cette tâche, sans l’accompagnement de Bethesda (et donc de Xbox) qui a pourtant l’habitude de localiser ses titres, je m'étais même servie de l'immense travail de doublage de Starfield comme raison que l'on pouvait faire une VF de GTA.

Le résultat est d’autant plus regrettable pour l’accessibilité : l’absence de VF pénalise une grande partie du public francophone, en particulier celles et ceux qui ne peuvent pas lire les sous-titres et/ou ne parle pas bien en anglais. Une fois encore, les moddeurs seront contraints de faire le travail à la place des développeurs — si toutefois les conditions techniques le permettent.

Pas de support officiel des mods

C’est sur la page de support de Bethesda qu’on a appris la nouvelle : Oblivion Remastered ne supporte pas officiellement les mods. En clair, il ne faut pas espérer avoir un kit de développement ou des outils dédiés pour les moddeurs. Il faudra se contenter de ce qu’on a, et autant dire que ça risque d’être assez limité, surtout quand on sait que le jeu tourne maintenant sous Unreal Engine 5. Comme le souligne Manu.js sur Twitter, il n’existe pas vraiment d’outil grand public pour modder facilement sous ce moteur, ce qui va demander énormément d’efforts. Et quand on voit comment les moddeurs de Starfield ont fini par abandonner, ça n’inspire pas vraiment confiance.

Bien sûr, certains mods existent déjà. On en trouve plus d’une centaine sur Nexus Mod Manager, principalement des petits ajustements : objets, stats, shaders, textures ou encore starters. Ce sont en majorité des modifications accessibles via des fichiers du jeu, sans trop de compétences techniques. Mais on est loin de la richesse et de la liberté de modding qu’on avait avec le jeu original, et ça, pour un Elder Scrolls, c’est un gros recul.

Uniquement disponible en dématérialisé… avec 120 Go à télécharger

Autre point à souligner : Oblivion Remastered n’est proposé qu’en version dématérialisée, que ce soit sur PC ou consoles. Cela peut surprendre, d’autant plus avec un poids de 120 Go. Si la France bénéficie d’un bon taux de couverture en fibre optique (environ 90 %), ce n’est pas le cas partout, et cela pose un vrai problème pour les connexions plus modestes, petite penser donc aux joueurs qui devront passer deux jours à télécharger le jeu.

Un « remaster » qui n’en est pas un

Terminons sur un sujet qui m’agace particulièrement : l’appellation « remaster ». Car non, ce Oblivion n’en est pas un, ce que nous avons entre les mains, c’est un remake. Le moteur graphique a été entièrement changé pour Unreal Engine 5 et cela implique un retravail en profondeur, bien au-delà d’une simple montée en résolution ou d’une amélioration des textures.

Appeler cela un remaster crée une confusion dangereuse : Cela brouille les repères des joueurs et dévalue les vrais remasters, qui n'ont parfois pour ambition que de moderniser graphiquement et porter un jeu sur de nouvelles consoles sans en altérer le cœur. Pire encore, cela risque de générer de la défiance envers ce label — alors qu’un remake peut nécessiter des années de travail et offrir un résultat de qualité, comme c’est ici le cas.

Si Oblivion Remastered avait été un simple lifting graphique sans refonte de gameplay ou d’animations, aurait-il réuni plus de 180 000 joueurs simultanés sur Steam le premier jour de sortie ? Probablement pas. Il est donc important de clarifier les termes pour mieux informer les joueurs et ne pas desservir les véritables remasters à venir, car tous n'ont pas la chance d'être autant populaires qu'Oblivion.

Jouez à Clair Obscur: Expédition 33 plutôt !

Bon, je dois vous avouer quelque chose : cet article est aussi une excuse pour vous parler d’un jeu qui mérite toute votre attention, où en tout cas plus qu'un simple remake d'un jeu qui a 20 ans — Clair Obscur: Expédition 33. Son lancement se voit en partie monopolisé par Oblivion, et c’est bien dommage, car ce titre français est pour moi le jeu de l’année, que GTA VI sorte cette année ou non.

Ici, la VF n’est pas une option : à en croire le making of de la version anglaise, c'est la version française qui est l'originale, ou tout du moins en est le plus proche. La qualité du doublage est tout simplement remarquable (avec notamment Adeline Chetail qui joue Maelle), appuyée par une direction artistique somptueuse et une narration d’une rare finesse d'après les critiques. Ajoutez à cela un gameplay qui le range au rang des meilleurs JRPG et un score critique déjà impressionnant (92 sur Metacritic, 91 sur OpenCritic), et vous avez un chef-d’œuvre.

Disponible en physique sur PS5 et Xbox, ainsi qu’en dématérialisé sur Steam et l’Epic Games Store — et bien sûr dans le Game Pass — Expédition 33 mérite qu’on lui donne une vraie chance. Et j’espère que les développeurs permettront aux joueurs de prolonger l’expérience grâce au modding, car ce genre de passion mérite d’être soutenu.

Vous l’aurez donc compris : Oblivion Remastered est un retour en demi-teinte, trahi par des choix discutables et des absences difficiles à justifier. Plutôt que de replonger dans un remake qui, malgré son potentiel, fait moins bien que le jeu original sorti il y a près de vingt ans, pourquoi ne pas vous tourner vers une véritable nouveauté, ambitieuse et soignée jusque dans les moindres détails ? Clair Obscur : Expedition 33 propose une vision, une direction artistique marquante, un doublage de grande qualité — en français s’il vous plaît — et une expérience qui pourrait bien s’imposer comme un jalon important dans l’industrie. Bref, si vous cherchez un jeu à la hauteur de vos attentes en 2025, ne vous trompez pas de combat : jouez à Expedition 33.